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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
29 décembre 2019

Que reste-t-il après ?

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J'ai toujours eu cette tendance à me poser des questions. Parfois débiles et parfois existentielles. Depuis quelques temps une question me revient en regardant mes enfants, que reste-t-il de nous après notre passage sur terre? Quelle trace on laisse ? 

Je vous l'accorde cela fait beaucoup de questions. On entend souvent dire que l'on ne fait pas des enfants pour nous. Connerie, grosse connerie. Si on fait des enfants c'est d'abord pour nous et pour personnes d'autres. Qu'ensuite on les laisse s'envoler, ok mais on ne peut pas se cacher qu'au départ c'est pour assouvir une envie personnelle. On ne se dit pas "Je vais faire un gosse,en faire un médecin qui sauvera des vies". 

Avec nos enfants, on fait tous de notre mieux. On les élève à notre façon, avec nos valeurs et surtout sans livret qui explique comment faire. Nous sommes tous fier de nos enfants (ou presque), ils sont les plus beaux, les plus fort et les plus talentueux du monde. Moi le premier et je déteste être comme ça. Je ne souhaite pas qu'ils soient les meilleurs ou les plus beaux mais c'est un sentiment de fierté que l'on a par rapport aux autres, une sensation de supériorité parfois envers d'autres. Ils sont notre fierté. Partout où ils passent on les classe du 1er au dernier, partout on les juge et on les compare aux autres. Est-ce vraiment sain ? Même moi je change là-dessus, je pense être très fier d'eux mais je l'exprime beaucoup trop. Je tente de ralentir. Je dois freiner mes émotions.

Je sais qu'autour de moi on imagine que j'aimerais que mon fils Eden deviennent un footballeur professionnel car je baigne dans ce sport. Franchement oui je serais fier de lui mais non je ne lui souhaite pas. Je lui souhaiterai QUE si c'est ce qu'il veut faire. Je suis content qu'il soit doué mais je m'en contre fout qu'il soit le meilleur ou pas. Car au final, peut-être que son souhait c'est juste de se faire plaisir. Alors je fais en sorte de le laisser tracer sa route, de l'aiguiller, je l'aide et l'encourage quand il en a besoin. Je suis heureux quand d'autres réussissent et je cherche pas à ce qu'ils soient tous les 3 en haut de l'affiche car à la fin, le bonheur ils se le choisiront, et pas avec ce que j'aimerais.

Mais c'est pareil pour Emma ou Elena. Il y a ce que l'on aimerait, nous en tant que parents, et ce que eux vont vouloir devenir. Et ça, faut l'accepter. Ce n'est pas facile de se remettre en question et d'accepter parfois leur choix qui nous paraissent (ou paraîtront) moins bons que le notre. Enfin, c'est ce qu'on pensera. Mais est-ce qu'on a raison ? Est-ce qu'ils sont nous ? Est-ce qu'on a suivi l'avis de nos parents ? Pour ma part, je suis mal placé car cela n'a jamais été le cas. J'ai fait mes erreurs, j'ai fait mon petit bonhomme de chemin et je suis devenu celui que je suis par les conneries que j'ai faites mais également par l'éducation et les valeurs que mes parents m'ont transmises. Il faut savoir se servir de nos douleurs, de nos échecs, de joie et de nos peines, des cons qu'on rencontre et ceux qui sont devenus des amis. Garder le négatif et le mauvais ne fait pas avancer, et surtout cela empêche le bonheur d'arriver jusqu'à nous.

Et justement, ce que l'on transmet. Nos valeurs, nos passions, notre style de musique, etc... Nous sommes fier de le transmettre à notre progéniture, nous sommes fier qu'ils nous ressemblent. Nous sommes heureux d'avoir de beaux et/ou gentils enfants, mais au final est-ce que c'est vraiment cela le plus important ? Je me dis quand je vois Emma grandir (9 ans déjà) que tout ceci reste anecdotique et que je serais le plus malheureux des papas si jamais elle, son frère ou sa soeur venaient lorsqu'ils seront adultes, à ne pas trouver leur place dans la société, s'ils étaient malheureuse ou malheureux car l'amour n'est pas encore là ou d'autres choses qui les empêcheraient de s'épanouir. Même plus tard s'ils venaient qu'à avoir des enfants et que ceux-ci  leur en font baver. Et j'oublie bien d'autres domaine de la vie. Est-ce que notre rôle s'arrête à l'âge adulte ? Non. S'ils sont malheureux, je suis malheureux. 

Ce que je veux au plus profond de moi, c'est que quoi qu'il arrive ou qu'ils leur arrivent, ils sachent que leur papa sera toujours là pour les écouter, pour les aider du mieux possible et que l'on pourra toujours discuter de tout. J'ai l'impression de bien faire, mais peut-être que ça va les saouler d'avoir un papa proche d'eux, qui leur dit je t'aime constamment, qui les encourage et crois en eux. Peut-être que l'un d'eux sera hyper sensible comme moi et il m'en voudra peut-être. Je ne sais pas. Et j'espère qu'ils me diront toutes ces choses pour que je puisse m'améliorer et même m'excuser s'il le faut.

Et quand tout ceci sera fini pour moi, quand je serais sur mon lit de mort, qu'elle trace je vais laisser ? Est-ce que le fait d'avoir voulu être bon aura un effet sur la durée ? Que cela soit envers ma descendance ou sur la vie, la société ? Que reste-t-il après ? Est-ce ce que cela vaut le coup réellement de suivre les règles que les grands (par le pouvoir) de ce monde nous impose ? Est-ce que cela vaut le coup de se soucier d'un prêt qu'on a du mal a rembourser ou d'un lave vaisselle à remplacer ? Faut-il suivre tous ces codes, on se fait peut-être trop chier au final pour rien au bout.

On  nous parle de religion, de Dieu, de réincarnation, d'extra-terrestres ou de fantômes mais qu'en est-il vraiment ? Je suis une petite personne lambda, à l'inverse d'un chef d'état, d'un chanteur ou d'une personnalité publique. Mais ce qu'ils font ou ont fait est parfois mis aux oubliettes, alors moi qu'est-ce que je fais ici ? Je me pose la question parfois.

Ne devrais-je pas penser qu'à ma tronche comme certains et profiter de la vie au cas où je finisse dévoré par les vers sans aller au paradis ou en enfer. Ou est-ce que je continue à croire que faire le bien est plus salutaire, moins productif mais enrichissant humainement. Il est sûr que je continuerais à croire en l'humain, à croire que je dois essayer à ma petite échelle de transmettre de bonnes ondes, de bonnes valeurs.  Je ne pourrais pas changer mais tout cela me pose question et c'est aussi pour cela que depuis mon coma, depuis que je suis tombé malade du crohn il y a 17 ans, je m'efforce à trouver la paix intérieur, de trouver ce que je suis réellement et pas ce que les autres veulent de moi. Je veux simplement profiter de la vie comme je l'entend. 

Les émotions sont parfois difficiles à maîtriser et je m'égare régulièrement. Je n'ai pas le courage de suivre mes rêves ou mes souhaits car j'ai des responsabilités familiales et que ce que je ne peux pas faire (aller aider les pays en difficulté, les gens qui meurt de faim, ou d'autres aides humaines) sera peut-être réalisé par une personne de mon entourage quand je lui aurais transmis ces valeurs qui me sont chères. Mais j'aimerais penser un peu plus à moi en faisant tout pour atteindre des objectifs perso et professionnel dans le sport car je suis persuadé de pouvoir aider. Mais je ne sais pas me vendre et je ne suis pas MA priorité. Les autres passent avant.

Dans ces cas-là je suis un homme faible car je ne vais pas au bout de mes idées. J'aimerais à Noël inviter à manger et à dormir un SDF ou voire même l'aider peut-être tout au long de l'année mais je n'ose pas, je ne le fais pas, pourtant j'aimerais. J'aimerais aller aider sur certaines actions humanitaires mais je n'ose pas ou ne peux pas avec ma maladie qui me fait souffrir. Alors à ma petite échelle je donne à manger à certaines personnes, j'aide des jeunes ou je transmets à d'autres pourquoi c'est bien de s'entraider. 

Je ne sais pas ce qu'il adviendra après ma mort. Mais j'espère pouvoir avoir 2-3 minutes afin de me retourner et voir si je peux être fier de la vie que j'ai eu et voir si mes enfants sont fier d'avoir eu un papa comme moi. La seule chose que je demande, c'est que eux, leurs enfants, leurs conjoints et ma femme restent en bonne santé. Moi je peux souffrir et encaisser, ce n'est pas grave. Eux je souhaitent qu'ils ne vivent pas ce que je vis au quotidien. Je suis prêt à souffrir pour ceux que j'aime.

Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre et toute cette reflexion est peut-être surréaliste... Mais c'est moi sous un autre angle.

Mais la question restera sûrement sans réponse, "Que reste-il après ?".

Prenez soin de vous

Peace

Kev

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Commentaires
N
Coucou.<br /> <br /> Je comprends parfaitement ...la mort n'est pas une fin en soi pour ma part ...
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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
  • Atteint de la maladie de Crohn depuis 2003 je souhaite décrire le quotidien d'un malade (joies, peines. douleurs,..) On est tous différents et mon témoignage n'est que personnel, en toute humilité. La vie est belle, essayons de garder le sourire. Peace.
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