Crohn : 16ème opération, et alors ?
Le temps passe et les maux restent les mêmes lorsqu'une crise apparait, et les mots ont souvent été récurrents dans mes écris.
C'est difficile d'exprimer ce que l'on ressent, c'est encore plus difficile de les faire ressentir. J'ai pendant longtemps eu un complexe d'infériorité, le fait d'avoir été parfois un pansement pour certains, pour d'autres un punching-ball, ont fait de moi quelqu'un de tourmenté. Je ne savais pas si celui que j'étais, allait trouver sa place, si on m'accepterai comme je suis et si je devais changer tellement on me pointait du doigt.
Alors lorsque les réseaux sociaux sont arrivés, cela m'a permis de chercher l'attention qui m'avait manqué. Vouloir plaire, vouloir des likes, voir qu'on s'intéresse à moi me changeait la vie. L'idée n'était pas que l'on m'aime, simplement je pouvais partager qui j'étais réellement. J’en ai abusé.
C'est une période de ma vie, ça été important que je passe par là. Mais à 40 ans, je suis revenu à plus de mesure et je me rapproche de ce que je suis au fond.
La crise du Covid m'a été salutaire. Elle est arrivée au parfait moment. J’étais fatigué, épuisé de devoir toujours plaire aux autres. Ce stress du quotidien, ce stress sociétal qui finalement ne me ressemble pas. Toujours devoir plaire, toujours devoir ne pas froisser, toujours devoir être dans une case que les autres veulent te mettre, ...
J'en ai profité pour travailler sur moi. J'en ai profité pour revenir aux bases. J'ai étudié la méthode Ho'oponopono, la méditation, j'ai pris une nutritionniste et j'ai décidé de voir la psychologue qui m'avait suivi à la clinique en service de réanimation en 2016. Un gros travail sur moi, mieux me comprendre, revenir à ce qui me fait du bien, et enfin m'accepter librement.
Cela va faire 2 ans en mars que l'on a été confiné et depuis 6 mois je me sens super bien. Je me sens apaisé, les idées claires et je peux aider ceux qui m'entourent. J'ai arrêté le football, je sentais que j'en pétais et ça me fais un bien fou. Je sais ce que je veux et où je veux aller, mais surtout ce que je ne veux plus. Je ne me force plus, je fais les choses comme je le sent.
On peut me prendre pour un fou
Tout ce travail m'a ouvert les yeux et bien plus.
Depuis petit, j'ai suivi mon instinct et quand je le faisais ça fonctionnait. Et ce monstre qu'est le regard des autres m'a bouffé de l'intérieur et je me suis fait dévorer. Je suis proche de tout ce qui est Énergie, magnétisme, etc... Un jour on m'a dit que j'avais un don pour soulager les gens. Cette personne m'a demandé si je ressentais de la chaleur dans les mains lorsqu'une personne se brulais ou se faisait mal. Je pensais que tout ça était une réaction scientifique, mais non. Tout le monde n’a pas se ressenti.
J'ai toujours ressenti de la chaleur quand quelqu’un se blessait, se coupait. Avec ce travail, j'ai su développer ce don (même si je n'aime pas ce mot). J'ai développé un autre don qui me permet de soulager les autres et je tente de l’apprivoiser. Mon objectif n'est pas de me la raconter ou d'en faire un truc génial. Je veux seulement continuer à me rapprocher de ce que je suis, et si je peux soulager ou aider alors tant mieux.
Pour l'instant je soulage mes enfants et ma femme. Ils sont mes cobayes (rires) mais ça à l'air de fonctionner.
Je me suis ouvert, et ça m'a ouvert l'esprit également. J'ai perdu cette volonté de plaire, j'ai perdu ce besoin qu'on me like ou qu'on m'aime. J'ai seulement besoin de ceux qui m'aiment réellement, ça me donne de l'énergie, de la force et c'est le meilleur possible. Je n'attends plus rien. Tout se fera, si cela doit se faire.
Je suis à nouveau mon instinct, mon intuition. Sincèrement, même si la période est très difficile depuis septembre, je me sens bien. Je ne subis plus. Je continue les réseaux, avec beaucoup de perso.
Bien sûr je m'inquiète, je peux m'agacer. Je reste humain.
Mais voyez-vous, ma femme n'est pas bien depuis septembre. Mon père a eu un grave accident et est à l’hôpital depuis 4 mois, ma maman est très malade et ma belle-maman n'est pas au mieux. Sans oublier l'inquiétude quotidienne pour nos enfants. Tout ça, c'est difficile mais je ne l'exprime plus sur les réseaux. J'en parle avec les bonnes personnes, et elles sont peu nombreuses.
C'est pareil pour ma 16ème opération que je vais subir le 15 février. Une opération à risque, une opération lourde. Je le sais depuis plus d'un mois. Je n'ai rien dit, je n'en parle pas. Pourquoi faire ? Cela me concerne, ça concerne ceux qui m'aiment réellement et qui sont proche de moi.
Je n'ai pas besoin qu'on s'apitoie sur moi, je n'ai pas besoin que certains se disent inquiet ou triste alors que finalement le reste du temps je n'ai pas de nouvelles. Pas besoin de semblant. J'ai juste besoin de sincérité et de me concentrer sur l'essentiel. J’ai toujours su me relever, j’ai toujours su y arriver par moi-même.
Je n'ai pas envie de débattre sur le Covid, je n'ai pas envie de me battre pour savoir si on m'appelle plus ou si c'est moi. J'en ai marre des futilités, des histoires qui ne servent à rien. Les rivalités j'ai passé l'âge.
Je suis assez confiant pour l'opération. Mais dans un coin de ma tête il y a malgré tout une petite voix "Et si tu n'en revenais pas ? T'es passé proche en 2016". Si c'est le cas, je sais que j'aurai fait de mon mieux pour ma femme et mes enfants. Bien sûr, je veux continuer à me battre pour eux mais je ne peux pas écarter cette possibilité.
Mon intuition me dit que tout va bien se passer et qu'après cette opération des choses importantes vont arriver.
On verra, on va me prendre pour un fou. (Rires)
Mais au final, personne ne sait réellement ce qui définit nos actes, nos choix et si notre vie est dictée par le hasard, les énergies ou par un Dieu quel qu’il soit.
Je sais simplement, que l'on doit essayer d'être en accord avec soi-même, ne rien attendre des autres, toujours se battre et trouver la paix intérieure, sans oublier d’aider son prochain.
Mais on fait comme on peut.
Je vais subir ma 16ème opération et alors ? Je ne vais pas en faire toute une histoire, arrivera ce qui devra arriver.
Prenez soin de vous
Peace
Kev