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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
24 novembre 2020

"Tu es débile"

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Cela fait très longtemps que j'ai écris, je ne m'en sentais pas le besoin et je pensais que mes écris n'intéressaient que moi et très peu de personnes. Mais d'autres m'ont redemandé de témoigner ou juste de raconter mes points de vue comme avant.

Je vais aujourd'hui parler  des mots que certaines personnes prononcent, nous disent depuis le plus jeunes âge et qui ont ensuite un impact sur notre vie, sur ce que l'on devient plus tard. J'ai bientôt 40 ans et les mots violents de mon père ou d'autres personnes, les rabaissements font encore de moi un homme fragile émotionnellement. Attention, je n'en veux à personne. J'aime mon père, et je me dis que je ne serais peut-être pas un homme respectable et respecté si parfois il ne m'avait pas botté le cul.

Je n'ai jamais été frappé ou violenté physiquement. Je ne suis pas entrain de dire que ce que j'ai entendu "Tu es débile", "T'es un bon à rien", "Tu vivras sous les ponts", etc... Ou lorsque je me faisais engueuler car je parlais lentement, parce que je faisais le con "arrête de faire le débile" sont normales. Pas du tout.

On se moquait également de moi sur la grimace que je fais quand je suis fatigué... J'ai souffert, je me suis renfermé, je n'ai jamais cru en moi. Mes parents ont refusé que je fasse un bac Economique et Social car j'étais sois-disant "pas fais pour les études et pas assez intelligent" comparé à ma soeur.

Ma petite soeur, celle que mon père admirait. Celle qui lui resssemblait et dont il était fier. Nous mettre en compétition, tout le temps ne nous a pas permis de vivre une relation fraternelle épanouie. Trop de bagarre d'égo, de souffrances chacun de notre côté en pensant que l'autre voulait nous écraser alors que c'était faux. Cela a gaché notre enfance solidaire. Au final, on a toujours été en compétition. Et malheureusement, parfois je me sens toujours minable par rapport à elle alors que rien ne le montre. J'ai réussi ma vie de famille, dans mon métier j'étais reconnu et salué, dans mon sport idem et je pense avoir compensé mes lacunes scolaires. Mais des émotions remontent parfois. Il y a peu, elle a reçu une télé par erreur et le magasin lui a laissé. J'étais en colère, ça m'a rendu mal. Je n'étais pas jaloux de ma soeur mais en discutant avec ma psychologue elle a ciblé que sortait en moi "L'injustice de la vie". En résumé, je revis l'injustice d'avoir été mis plus bas que terre gamin à l'inverse de ma soeur, et que cette chance qu'elle a eu était injuste tellement je galère". Je savais qu'il n'y avait aucune raison rationnelle d'être en colère et le fait d'échanger et de travailler sur moi me permet de mieux gérer mes émotions.

Pour le passé j'ai qu'un seul regret, le refus de mon père de m'écouter, de comprendre à quel point j'ai souffert et que je souffre encore de ces mots qui sont devenus des maux. Je n'ai jamais eu vraiment de lien affectif, en tout cas de son côté. Je sais qu'il m'aime mais ne le dit jamais, ne le montre jamais et ne s'intéresse pas à ce que je vis. La seule fois que je l'ai entendu me dire "Je t'aime" c'est quand je suis sorti du coma, que j'étais dans mon lit de réanimation. C'est comme ça, c'est peut-être un combat inutile de vouloir chercher des réponses. J'ai voulu le rendre fier mais je ne suis pas sûr d'y être arrivé un jour.

Dans ce témoignage, je ne veux surtout pas taper sur mon père ou sur certaines personnes qui ont été autour de ma famille à écouter mon père me rabaisser et rire de ce qu'il disait de moi ou de ma mère. Car ma mère était "con" comme il disait.

Des spécialistes des médecines douce comme la micro-kiné pensent que ces mots, la relation avec mon père sont plus ou moins liés à mon Crohn. Comme si j'avais enfoui toute cette colère, cette incompréhension, ces "qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?" et qu'un jour mon corps à dit stop. 

Lorsque ma femme était enceinte de notre fils Eden, j'avais peur de reproduire ce que mon père avait fait avec moi. En plus avec ma fille ainée  Emma, ça été fusionnel dès le début. Amplifié par la dépression post-natale de ma femme. J'avais peur de moins l'aimer que sa soeur, de ne pas réussir à être un bon père. Et puis maintenant il a 8 ans et je suis fier de lui. Chaque jour je lui dit "je t'aime".  Hors de question de le rabaisser. Aucun de mes enfants d'ailleurs. Je les aide, je les soutiens, je leur parle, j'essaye de créer un climat de confiance avec eux et qu'ils sachent qu'à tout moment ils peuvent compter sur moi.

Seule ma femme et des ami(e)s très proche connaissent aujourd'hui réellement mes maux, et aussi les dons ou qualités qu'on me déclare au fil du temps. Je travaille avec une psy qui m'a suivi après le coma et mon opération du Crohn  qui a mal tourné. Elle m'a dit que j'étais "un enfant pansement" dans le jargon de la psychologie parce que à l'âge de 4 mois on m'a confié à ma tante pour lui remonter le moral alors en dépression. Puis avec ma maman où j'ai été son confidant dès l'âge de 8-9 ans entre sa maladie, les querelles avec mon père (même intime), elle me lisait son journal intime, elle me confiait des secrets.

J'ai fait la morale à mon père lorsqu'il a un jour voulu choper ma soeur pour lui faire je ne sais pas quoi (iil n'a pas eu le temps), idem lorsqu'il a fait une tentative de suicide quand j'étais au lycée où j'ai dû l'engueuler pour lui faire comprendre qu'il avait des enfants qui l'aimaient, une femme, une famille. J'ai été le seul à le voir s'effondrer quand ma mère est partit. Il est tombé dans mes bras livide un soir de janvier à Dijon où j'habitais et en pleure. Je l'ai pris dans mes bras, je l'ai consolé, rassuré et dit que tout irais mieux dans quelques temps. 

Après j'ai eu une amie que j'ai aidé a suremonter son anoréxie en lui faisant des repas, une petite amie Anissa que j'ai rencontré et qui était enceinte à notre rencontre et que j'ai accompagné pour son avortement. Ma petite soeur que j'ai soutenu en 2006 alors que j'étais à quelques semaines de me faire opérer. J'étais très mal en point mais ma petite soeur avait besoin de moi, j'ai été là c'est normal (comme elle l'a été quelques années plus tard), les médecins soupsonnaient la maladie de Crohn mais elle refusait de l'accepter, elle disait qu'elle aurait honte si elle avait cette maladie. C'était dur car je vivais avec depuis 3 ans et que j'essayais justement de ne pas me rabaisser, de ne pas avoir honte, d'assumer. Mais heureusement c'était seulement une bactérie. 

Je suis devenu éducateur en quartier où je faisais des animations mais j'aimais aller au-delà, aider les jeunes humainement. Comme au foot d'ailleurs. On m'a expliqué que ma sensibilité, que mon passé de jeunes ciblé, sous-estimé était la raison pourquoi les jeunes me faisaient confiance et pourquoi je les comprenaient.

Je ne suis pas entrain de me plaindre mais seulement de montrer que le vécu dans l'enfance ou après peut s'expliquer et que l'on peut essayer d'aller mieux en comprenant qui on est réellement. Ma psy m'a conseillé de lire "Le drame de l'enfant doué" et j'ai trouvé le fond du sujet très intéressant, pas tous les témoignages mais le fond oui.

Elle et d'autres personnes spécialistes depuis que j'étudie comment je peux améliorer mon quotidien notamment pour sortir de mon traumatisme lié au coma, expliquent que des personnes comme moi ont tellement été rabaisser, humilier et en manque de confiance en eux, que cela cache souvent des personnes avec une intellec plus développé (en tout cas bien plus que ce qu'on essayé de leur faire croire). On développerait certaines compétences que d'autres n'ont pas. J'étudie depuis peu l'EFT, le bien-être via par Ho'Oponopono et la méditation. Je me sens beaucoup mieux.

Depuis quelques années, j'ai développé un sens assez efficace pour cerner les gens. Je peux comprendre et voir leurs soucis, les caractères, les personnalités, leurss métiers par l'observation, leurs mouvements, les mots qu'ils emploies, comment ils s'habillent, etc... Je ne sais l'expliquer, c'est comme ça. Mais ce sens s'est développé au fils des années tout en comprenant qui j'étais, en ayant plus confiance en moi.

Ce post s'adresse comme souvent aux jeunes. J'ai toujours travaillé avec les jeunes, ados, jeunes adultes alors surtout restez vous-même, ne vous laissez pas harcelé ni physiquement, ni verbalement, ni par des abrutis, ni par des pseudos caïds, ni par votre propre famille. Soyez fier de qui vous êtes et croyez en vous, en vos rêves et en vos qualités. N'ayez pas peur de vous tromper, de faire des ereurs car cela fait partit de la vie. Le tout est de se relever, de se battre et d'éviter de refaire les mêmes erreurs. Si vous voulez vous sentir bien, ne dénaturez pas qui vous êtes, ne laissez personne vous dire que vous êtes un bon à rien, débile ou nul.

Evidemment cela concerne, ceux ou celles, comme moi qui sont un peu plus âgés. 

Je ne sais pas qui lira et je veux être très clair que je n'ai rien contre mon père ou ceux qui m'ont blessés enfants, je l'aime, je me protège, peut-être suis-je maladroit mais quand je parle de mon crohn les émotions sont liées de mon mal, c'est comme ça. Et je dois expliquer en profondeur les choses. Les histoires de familles y'en a partout. Rien de grave... Normalement.

J'espère que mon retour aura été utile pour certain(e)s.

Surtout prenez soin de vous.

Bises les Geeks

Kev

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Commentaires
C
Vos enfants ont le meilleur papa au monde! Vous faites face à l’adversité avec beaucoup de courage, tout en pensant aux autres. Vous forcez le respect! Continuez d’écrire...
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N
Je suis émue de te lire mon garçon. Je suis fière de toi et je t' Aime. Gros bisous
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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
  • Atteint de la maladie de Crohn depuis 2003 je souhaite décrire le quotidien d'un malade (joies, peines. douleurs,..) On est tous différents et mon témoignage n'est que personnel, en toute humilité. La vie est belle, essayons de garder le sourire. Peace.
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