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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
7 mai 2018

Football : Le phoenix renaît toujours de ses cendres...

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Le football c'est toute ma vie. Le football c'est ancré en moi et je crois que je ne pourrais jamais m'en passer. Heureusement, j'ai une femme compréhensive qui me laisse vivre ma passion avec beaucoup de liberté. J'essaye malgré tout que ma passion ne prenne pas le dessus sur notre vie de couple ou notre vie de famille. A ce jour, même ma fille Emma (7 ans) et mon fils Eden (5 ans) ont suivis leur papa dans ce sport, que Madame n'affectionne guère.

Seulement, la maladie a failli, à plusieurs reprises, me priver du football. La maladie a failli me prendre la vie...

Atteint de la maladie de Crohn depuis 15 ans, j'ai dû arrêter mon sport pour apprivoiser mon Crohn. Le quotidien d'un malade du crohn est très très compliqué. Au début, je ne sais pas ce qui m'attends. En 2005, j'attrape un piodermagangrenosum où ma jambe gangrène et les médecins parlent d'amputation tellment elle est noire et tellement je n'arrive plus à poser le pieds par terre. . Ouf ! J'y échappe de justesse... En 2006, je me fais opérer 3 fois de fistules anales et je perds presque 30 kg. Je pèse à l'époque 68kg ce qui fait de moi un garçon trop maigre pour 1m83 et dangereux pour ma santé. Mais dès que la santé me le permet, je reprend le football. D'ailleurs fin 2006 lorsque je rechausse les crampons, mon ami, Serge, me dit "Putain Kev ! T'as plus que la peau sur les os. Je suis choqué de te voir comme ça". Il a raison, je n'ai plus, à cette époque,  aucun muscle et j'ai surtout perdu tout mon niveau. 

Je ne lâche rien et je reviens à un bon niveau en 2009, au point de faire quelques matches dans la meilleure division départementale. Mais la maladie me rattrape et je dois ralentir en 2012/2013 puis je suis dans l'obligation, encore une fois, d'arrêter. Je me consacre alors à ma carrière de coach où je pense être bien meilleur que joueur. A côté de cela, je continue de jouer avec l'équipe réserve de temps en temps. Mais le plus dur arrive en janvier 2016 où après une énième opération, je tombe dans le coma avec un pronostic vital très engagé. J'ai une chance sur dix de me réveiller. Une chance sur dix de revoir ma femme et mes enfants. Heureusement je m'en sors ! Mais je ne sais plus marcher ni parler ou même écrire. Là encore j'ai perdu 25 kg. Je fais de la réeducation avec une poche (stomie) et un tuyau qui sort de mon ventre. Je refuse même deux postes d'entraîneur car je suis trop faible. Je me donne toujours à fond, que cela soit dans le boulot ou dans mon sport. Hors de question de pénaliser ceux qui croient en moi.

Mais encore une fois, il est hors de question d'abandonner. En mars 2016, je suis en fauteuil roulant jusqu'en mai de cette même année, puis je remarche doucement. En 2017, je retrouve les jeunes U15 de mon club pour aider un ami et reprend le poste de coach avant la fin de saison 2017. Je suis inapte professionnellement et le football me permet d'avoir une vie sociale.  Mais j'en veux plus. On m'a donné mourant et le destin ou la vie en a voulu autrement. D'autres disent que c'est grâce également à ma force de caractère. Petit à petit les jambes me démangent et surtout je souhaite rejouer pour ne rien regretter.  Mais la maladie ne me laisse pas tranquille. Je me fait opérer en septembre 2016, en mars 2017 et de nouveau en janvier 2018 pour ma 13ème opération. Je savais que ça serait encore plus long que ce que j'avais connu par le passé. Déjà je suis plus âgé (37 ans), perdre l'usage de ses jambes même qu'un temps, subir 8 opérations en 36 mois à forcément laissé mon corps dans un état peu propice aux efoorts poussés.

En février de cette année (2018), le chirurgien m'autorise à reprendre le foot. J'ai d'abord repris par un entrainement par semaine puis j'ai signé une licence avec l'objectif de revenir sur le rectangle vert même si ce n'est que pour dépanner 10 minutes. J'y arrive à force de volonté et d'abnégation, et aussi par la force du destin. Il y a une semaine j'ai joué 10 minutes parce qu'un joueur avait des crampes. Je n'ai pas touché un ballon mais mes coéquipiers, le coach et les gens autour du terrain m'ont applaudis. Ils connaissent mon parcours et me respectent pour ça. J'ai été extrêmement touché, cela a été un moment très émouvant.

Ce dimanche, j'ai de nouveau joué. Je pensais rester tranquille sur le banc mais cette fois le coach a décidé de me faire confiance pendant 35 minutes et en ayant réussi, je trouve, une bonne rentrée. Pour quelqu'un qui est en surpoids, à cours de forme et en manque de repères ce n'est pas si mal. Je ne ferais pas le détail de mon entrée mais je veux seulement exprimer mon sentiment de joie. Je ne pensais pas être capable, si vite, de pouvoir jouer 35 minutes ou d'aller au duel contre des mecs plus jeunes qui jouent, s'entrainent depuis le début de saison. 

Certains m'appellent le "Warrior", d'autres "Le phoenix". J'aime bien le phoenix car il renait toujours de ses cendres. Je trouve que cela me ressemble bien parce que l'on m'a cru très souvent largué, nul ou incapable de... Je suis fier de montrer à mes enfants ce caractère de guerrier. J'ai compris que la vie était trop courte pour ne pas en profiter. J'ai conscience que je n'ai pas un Top niveau, que je suis trop gros pour espérer rivaliser avec les autres mais j'ai UNE chose en plus... Je viens au foot pour m'éclater, pour tout donner et je viens seulement pour prendre du plaisir... Que je joue ou ne joue pas !

Je suis malgré tout un compétitieur et il est hors de question de m'arrêter là. Je vais continuer à bosser, je vais continuer à m'entraîner car je veux retrouver un niveau correct. Je veux aller au bout de mon idée, je veux en profiter le plus possible, n'avoir aucun regret et je veux me prouver que je suis capable d'y arriver. Ce soir, je suis un peu fier de moi et également ému. Vous ne pouvez pas imagner à quel point le quotidien est difficile, à quel point c'est un combat journalier mais surtout, je reviens de tellement loin (plus loin que certains mais moins que d'autres). Je ne suis pas sûr que mon entourage comprenne ce que cela représente à mes yeux. Je ne suis pas sûr que les gens comprennent à quel point c'est GRAND d'être revenu. Mais j'ai encore du boulot.

Le football c'est la vie, le football c'est ma vie. Grâce au football j'ai connu mes plus grandes émotions, qu'elles soient positives ou négatives. Le football m'a toujours permis de me sentir vivant et encore plus aujourd'hui. Le football m'a clairement sauvé la vie plus d'une fois. Dans les moments les plus difficiles, le foot  a été là pour me sortir les mauvaises pensées de la tête. Et puis retrouver les potes dans le vestiaire, profiter autour d'un ballon et rigoler à la fin du match autour d'un bon ptit Monaco ça n'a pas de prix.  Certaines personnes oublient cela trop vite... Le football reste un jeu avant tout.

Pour vous prouver que le foot me crée une force supplémentaire, c'est que pendant mes 30 jours de coma, ma femme a déposé le fanion de l'AJA dans ma chambre, au-dessus de ma tête. A côté des photos de mes enfants... Ce n'est sûrement pas grand chose pour vous mais que ma femme ai eu cette idée, prouve au combien elle a compris la force que me donne ce sport. 

Je voudrais au passage remercier plusieurs personnes. Tout d'abord Audrey, ma femme, qui comprend à quel point le foot est un équilbre dans ma vie. J'aimerais remercier Bruno (le coach de la 3 de Montech), Fred (Le Président), Titi (le futur président) et Olivier Lagarde (Entraîneur des gardiens de Lorient) qui m'ont tous montrés une réelle amitié. Leur soutien a été très important dans mon évolution. Je leur doit énormément... Je leur suis reconnaissant et sont devenus pour moi des amis. On rencontre des gens remarquable dans la vie et on se doit de ne pas les oublier, on se doit d'être reconnaissant envers ceux qui croit en nous. Et ces quatres personnes m'ont montrés beaucoup plus de respect que certaines personnes de ma famille. S'ils lisent ces quelques mots, je leur dit MERCI du fond du coeur !!!

Le football je lui dois beaucoup et je m'efforce de le mettre en valeurs sans que cela soit une question d'argent. Même dans le monde amateur l'argent a pris le pas sur l'amour du sport avant toutes choses. Et c'est bien dommage !

Ce témoignage à pour but, une nouvelle fois, de montrer aux jeunes malades (et aux moins jeunes) que rien n'est impossible, que le quotidien est difficile mais qu'il ne faut pas abandonner ses rêves et ses envies. Ne lâchez rien et croyez en vous ! Allez au bout de vos envies !!!

Prenez soin de vous !

Kev

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Kev et ses Crohniques (malade du Crohn)
  • Atteint de la maladie de Crohn depuis 2003 je souhaite décrire le quotidien d'un malade (joies, peines. douleurs,..) On est tous différents et mon témoignage n'est que personnel, en toute humilité. La vie est belle, essayons de garder le sourire. Peace.
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